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Comment peut-on être « chez soi » à l’hôpital ? Qu’est-ce qui fait « chez soi » ? Que garde-t-on en soi pour se sentir « comme chez soi » ? A l’hôpital, nous recherchons ce « phantasme de propriété » (Derrida) ou cet « habitat mobile » (Derrida), qui répond à l’ambivalence de l’hospitalité : nécessaire parce que le chez-soi ne suffit plus, mais habitable à condition de conserver en elle une possibilité de chez-soi. Des patients soulignent l’importance d’agréments particuliers qui leur permettent à la fois d’y disposer leurs affaires et d’y mener des activités quotidiennes qu’ils souhaitent maintenir : recevoir facilement ses proches tout en étant à l’aise, travailler au bureau, faire quelques exercices de rééducation dans sa chambre, sortir de manière autonome et se promener dans les parties communes. Cet “habitat mobile” que nous recherchons et qui peut être conservé “en soi”, serait ainsi la possibilité d’être soi-même maître, sinon des lieux, au moins de sa journée.

 

Pour certains patients, l’hospitalité assurée par le fait de pouvoir s’arroger une certaine maîtrise, est contredite alors qu’ils sont placés dans certains lieux sans avoir la capacité d’en sortir. Parfois, leur mobilité est trop réduite pour qu’ils puissent se déplacer eux-mêmes, d’autres fois, les chemins sont inconnus et ne permettent pas de s’y aventurer, et parfois, les personnes ne savent pas si elles ont la possibilité de se déplacer ou pas. Plusieurs patients décrivent l’épreuve de l’oubli et de l’isolement dans des recoins de l’hôpital qu’ils ont du mal à appréhender. Le manque de lisibilité contredit deux fois l’hospitalité : elle empêche de se faire une représentation des déplacements et des orientations à prendre, et elle limite l’autonomie possible de la personne au cours de l’hospitalisation.

Illustration : Dessin de l'Hôpital des HCL à Lyon, France

DES ESPACES 

MAÎTRISABLES

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